Texte extrait de la revue Mobilier et Decoration N° 9 Decembre 1955
Pierre Fouquet est né à Paris, le 4 novembre 1909. Après avoir passé son enfance dans la région albigeoise, il revient, à Il ans, à Paris, montre à l'Ecole communale des dispositions pour le dessin qui lui valent d'entrer en 1923 à l'Ecole des Arts appliqués où il reste 4 années avec, entre autres, Chadel, Wlerick et les céramistes Chabrier et Boéton pour maîtres.
Il fréquente le Cours Montparnasse où il étudie le modelage et se prépare au professorat, il travaille dans une faïencerie, à Sceaux, puis chez Raoul Lachenal ; puis retourne à la faïencerie de Sceaux où il est contremaître et créateur de modèles et occupe successivement de 1929 à 1939 différents emplois (chez Robj et dans les ateliers Sauzéa), dans l'industrie privée.
De 1939 à 1941, il est à la Manufacture de Sèvres dans le service de décoration dirigé par Gensoli. En 1941, il est nommé professeur de céramique à l'Ecole des Métiers d'Art où il organise les ateliers et l'enseignement ; en 1952, il est chef auxiliaire de travaux au Conservatoire national des Arts et Métiers et, depuis 1954, chargé de cours à l'Ecole des Arts appliqués.
Depuis 1948, Pierre Fouquet expose régulièrement au Salon des Artistes Décorateurs et y obtient le Prix Plumet ; à l'Exposition internationale de Florence il reçoit un diplôme d'honneur ; enfin à l'Exposition internationale de la Céramique, à Cannes, été 1955, il remporte une médaille d'or et l'un des deux prix attribués à la France : le prix de la réalisation céramique.
L'Etat et la Ville de Paris ont acquis des œuvres de Pierre Fouquet. Tout enfant Pierre Fouquet a vu travailler des potiers ; auprès de ces artisans il a appris ce qu'est un métier soumis aux exigences usuelles, il en a conservé le respect du travail bien fait, de l'œuvre durable et répondant à sa mission. Il s'efforce de donner, et de faire conserver, à ses élèves ces principes fondamentaux.
En 1942 il a installé à Verrières le Buisson ses ateliers et construit ses fours. D'abord faïencier, puis se consacrant de Plus en plus au grand feu, Pierre Fouquet, en technicien averti et complet, dessine ses formes, compose et prépare ses terres et émaux, tourne ses pièces, les décore si nécessaire et finalement les cuit au feu de bois.
Influencé par les primitifs Chinois et Coréens il continue ainsi la lignée des grands maîtres contemporains : Chaplet, Lenoble, Decoeur plus épris de la terre, des émaux et de leurs transmutations sous l'action du feu, que du décor.
La forme ample, simple importe surtout et le décor, extrêmement discret, incorporé ou incisé dans la terre et sous l'émail n'a qu'un rôle complémentaire. A la fine transparence des porcelaines, aux grès minces, il donne des tons blancs et satinés, rosés, ivoirins ou céladons ; aux grès naturels, gris ou rouges, il réserve les tons robustes bleus, verts, bronze, noirs, et les engobés, dont les possibilités ornementales s'apparentent à celles des pièces archaïques grecques et romaines.
Pierre Fouquet cuisant à 1280° obtient ainsi des pâtes fermées, sonores et imperméables. Passionné pour son métier, seules comptent pour lui la beauté matérielle et esthétique de l'œuvre dont il poursuit, dans le silence de son atelier champêtre, la difficile réalisation.