Suite à l’article d’Alain-Marc Rieu dans le Monde

Ces trois conditions atteintes permettent de construire le sentiment d’adhésion des citoyens: l’assurance qu’ils peuvent infléchir les choix de leur société et se reconnaître dans leurs représentants, qu’ils sont maîtres collectivement de leur destin dans un espace dont les repères sont explicites et familiers. Ce ressenti de la démocratie en constitue le véritable et plus profond ressort.
Son constat:Les organismes nationaux ont déjà bien du mal avec ces trois conditions.
Les organismes internationaux ne réunissent jamais les trois conditions :
soit ils sont légitimes et inefficaces, soit ils sont efficaces mais non légitimes. Les organisations mondiales vivotent:
  – L’ONU Légitime mais peu efficace (n’a pas su gérer la famine au Niger par exemple)
– L’UNICEF légitime mais sans moyens
-l’OMS légitime et aussi sans réel moyen
– L’OMC efficace dans son rôle de juge mais pas légitime
– Le FMI efficace mais pas légitime
– L’OMM (Organisation météorologique mondiale) efficace mais son action n’est pas visible
Une Organisation mondiale peut-elle être une Démocratie, c’est à dire appuyée sur les trois fondamentaux : Efficacité, Légitimité et ouvert à la confrontation ?
La réponse de Pascal Lamy est pour le moment NON mais :
l’Europe est le modèle le plus en avance même si elle balbutie et trébuche souvent.
  Efficacité: Elle est tournée vers les procédures au détriment de résultats concrets, ce qui se fait poser la question à beaucoup : que fait l’Europe pour moi ?Légitimité: au début légitimé par l’avenir tout a merdé lorsque l’avenir a paru sombre : chômage, délocalisations…
Espace de confrontation: La confrontation reste au niveau national. Rares sont les débats publics entre européens, à part peut-être Cohn Bendit.
Ces points font donc que l’adhésion des citoyens européens, que nous sommes, manque terriblement.
L’Europe doit donc produire des résultats tangibles, concrets qui répondent aux attentes de des citoyens.
Sa solution:Donner vie à l’Utopie d’avoir une gouvernance (et non pas un gouvernement) mondiale qui réussisse à réunir les trois fondamentaux. Tant que ce ne sera pas le cas la mondialisation que nous subissons tous foutra le bordel.
Ma compréhension:
C’est parce qu’il y a des gens qui croient à l’Europe que l’Europe existe. Ce n’est pas parce qu’il y des gens qui croient à la mondialisation que la mondialisation existe. La mondialisation existe parce qu’il n’est pas possible :

  – Que les pays riches continuent à vivre dans une bulle de confort en laissant crever le reste de la planète.
– Que nous saccagions notre environnement
La planète n’est pas encore une démocratie mais elle le deviendra un jour: Le jour où les hommes auront compris que c’est la seule et unique solution.
  Efficacité: Nous commençons à comprendre que seul un effort de toutes les nations peut sauver la planète.
Légitimité: Il n’y a qu’à ce niveau que l’on peut entreprendre des actions concernant l’environnement et les échanges internationaux (l’Europe et la Chine viennent de signer un accord commercial)
Espace de confrontation: Le peu qui existe de cet espace est pour le moment du ressort des médias.
Pour conclure un extrait de ma dernière conversation avec Jacques.
Et Dieu dans tout ça ? me demanda-t-il en chancelant(*) et en riant car il parle couramment ces deux langues.
  – Tu penses que Dieu voulait une démocratie sur le grand échiquier qu’est notre planète ?
– Non, ce n’est que parce qu’il y a des gens qui croient en Dieu que Dieu existe, ais-je répondu. mais Dieu ne pourrait jamais être un Démocrate : Il est inefficace, ça tout le monde peut le constater, Il n’est légitime que pour les croyants. et au niveau de la confrontation, les débats d’idées se passent actuellement à la kalachnikov.
– Et Laurent Fabius a-t-il essayé ?
– J’ai répondu en riant car c’est une langue qu’il m’arrive aussi de pratiquer.

(*) Le chancelant est une langue dérivée du Français qui consiste à mettre dans chaque phrases « Et Dieu dans tout ça ? »