Catégorie : Sculpture

En revenant de Delphes, nous avons bien sûr fait halte à Athènes. Une grande partie des découvertes archéologiques ont hélas été volées :
Les Romains ont largement pillé la Grèce. Puis au début du 17e siècle, un Anglais le comte d’Arundel, diplomate, est le pionnier dans ce domaine. Il décide notamment d’aller chercher en Grèce sculptures et inscriptions, jusque-là fournies par Rome et l’Italie.
Un Français le marquis de Nointel, ambassadeur à Constantinople (1670-1679), recueille stèles, bas-reliefs et inscriptions.
À la fin du 18e et au début du 19e siècle, la demande d’antiquités se fait de plus en plus forte sous la pression des grands musées publics qui se multiplient en Europe : le British Museum est créé en 1753, le musée Napoléon en 1801, la Glyptothèque de Munich en 1830. Le démontage des frises du Parthénon par Lord Elgin (1801), ambassadeur de Grande-Bretagne à Constantinople, en est une conséquence : des 97 plaques conservées de la frise du Parthénon 56 se trouvent en Grande-Bretagne et 40 à Athènes. Le Parthénon a même servi de poudrière et a explosé en 1687.
Mais Athènes a conservé quelques merveilles comme ce jeune cavalier en bronze qui semble voler ( et le terme voler signifie autre chose que piller).

Je venais juste de finir un bronze selon la technique du sable et je suis allé à Delphes pour admirer l’aurige ou plutôt pour entrer en harmonie avec le fondeur qui avait réussi ce bronze à la demande de Polyzalos, prince grec de Sicile, pour commémorer la victoire de son char aux Jeux en 478 avant JC.
Si je n’avais fait le voyage à Delphes que pour lui, il en aurait valu cent fois la peine. Mais il y avait le cadre avec sa mer d’oliviers en contrebas, je ne sais s’il y avait du laurier mais je me sentais entrer en transe à l’image de la Pythie quand elle respirait les fumées du laurier brûlé.

Cette tête en marbre (visible au musée du Louvre) est datée entre 2700-2300 avant J.-C. L’harmonie des lignes et des volumes y est parfaite. Ces statues ont inspiré bon nombre de sculpteurs, Brancusi en particulier est celui qui a su le mieux les traduire sans les copier.

PS:
J’ai bien failli aller visiter les cyclades, mais arrivés à Athène, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller visiter Delphes, j’ai toujours été fasciné par le travail du bronze, et je ne voulais pas rater l’aurige. (arrivés est au pluriel, car elle n’était pas très contente d’avoir ainsi raté la visite des cyclades)

Impressionnant le nombre de personnes que Rodin a rencontrées, ou aurait pu rencontrer:
1883 Rodin rencontre Victor Hugo.
1889 Rodin expose avec Monet.
1890 Pompon travaille chez Rodin chez qui il devient chef d’atelier en 1893.
1893 Bourdelle entre comme praticien chez Rodin.
1894 Rodin est invité chez Monet à Giverny où il rencontre Cézanne.
1902 Rodin rencontre Klimt à Vienne.
Quand on regarde le tableau ci-joint, on se rend compte qu’il a été contemporain de Pissaro, Manet mais aussi de Picasso, Modigliani.

Daniel Buren expose au musée Guggenheim « in situ », ce qui veut dire que ceux qui ne feront pas le voyage à New York devront se contenter des images de cette exposition. Ces photos m’ont été envoyées par mes correspondants personnels à NY, que je remercie vivement. Ils ont trouvé cette exposition très impressionnante, et je veux bien le croire au vu des photos transmises. Pour me consoler je suis allé revoir les colonnes de Buren « IN SITU », si vous voulez les voir venez donc à Paris.

Une oeuvre In Situ doit, en plus d’être une oeuvre, s’intégrer parfaitement avec le lieu où elle se trouve, Buren et Cristo sont passés maîtres en la matière.

Wassily Kandinsky (1866-1944) d’origine russe naturalisé allemand puis français a eu des parents pianistes(il a joué du piano), il a donc abordé la peinture avec une culture musicale forte. Le nom de ses séries de tableaux ont un rapport direct avec la musique « Improvisations », « Impressions », et « Compositions ». Les Compositions de Kandinsky sont un essai pour créer une peinture provoquant la même émotion qu’une composition musicale. Les couleurs et les formes jouant le rôle du clavier du piano.
Il a même écrit de nombreux ouvrages théoriques sur le sujet :la couleur et la musique ont en commun une résonance propre…..Reste à savoir à quel Requiem correspond le tableau ci-contre.

Dernière heure!: Black is like the silence of the body after death, the close of life.
Wassily Kandinsky, 1911

Ces deux statues de Michel-Ange (1475-1564) devaient être partie du tombeau du Pape Jules II (1453-1513) qui fut un mécène très actif. Le projet a été modifié après sa mort et elles en furent finalement exclues par souci d’économie (il reste quand même Moïse,Léa et Rachel). Elles arrivent au Louvre en 1794.
L’Esclave rebelle à droite, a une posture donnant l’impression qu’il tente de se libérer d’une emprise mystérieuse. L’autre, l’Esclave mourant, se laisse porter par son destin. En réalité il ne meurt pas mais est absorbé par un songe.

Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre, la maxime que se fixait Pablo Picasso « Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ? » s’applique parfaitement à cette sculpture qui pourrait n’être que l’assemblage d’objets hétéroclites, et qui est en réalité une chêvre encore plus vraie que nature.

la photo a été récupérée sur l’excellent site http://www.insecula.com

Curieusement la francophonie est pour moi, associée avec l’afrique, j’en profite donc pour choisir comme image du jour Ousmane Sow dont j’avais beaucoup aimé l’exposition de sculpture sur le pont des arts en 1999. Ses personnages sont impressionnants de réalisme et d’humanité. Je ne sais pas si’l sculpte toujours, ou s’il ne se consacre uniquement à son métier de kinésithérapeute. Ce serait dommage pour nous qui n’avons pour le moment pas besoin de rééducation.

 » J’étais dans une sorte d’extase, par l’idée d’être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes
données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber « .
Ces mots sont ceux de Stendhal à la sortie de l’église Santa Croce (Florence) où se trouve le tombeau de Michel Angelo(1475-1564). Cette statue de David (qui pése 5 572 kg pour 5,17 m de haut) a dû provoquer bon nombre de syndromes de Stendhal.
Que dire de plus sinon que c’ est Michel Angelo qui créa Dieu

Je ne connaissais pas Felix Dufrance né en 1972 à Mostaganem et je n’ai presque rien trouvé sur Internet, mais je trouve cette statue en marbre tout à fait de saison un jour de Saint-Valentin

GIACOMETTI, Alberto (1901-1966) ou la sculpture inversée:« Il m’est tout à fait impossible de modeler, peindre ou dessiner une tête telle que je la vois. Et pourtant, c’est la seule chose que j’essaye de faire. »
Au lieu de tailler une masse jusqu’à la forme souhaitée, Giacometti part d’une ossature de métal à laquelle il ajoute de l’argile; l’oeuvre finie ne dépasse pas la longueur d’une boîte d’allumettes ! C’est alors qu’il a l’idée de les étirer de façon outrancière : cette technique produit des silhouettes émaciées et gigantesques, à la surface grêlée et grenée.
Inventeur des premiers objets surréalistes (La Boule suspendue, 1931), il quitte les surréalistes en 1935 pour se consacrer à la sculpture (en fait il se fait virer par Breton qui n’a jamais supporté de ne pas contrôler entiérement le mouvement).

CONSTANTIN BRANCUSI (1876-1957)
Né à Hobitza Roumanie – Décédé à Paris
«Crée comme Dieu, ordonne comme un roi, travaille comme un esclave.»
Rodin sculpte et modèle dans la terre avant de confier à des ouvriers le soin de reproduire l’oeuvre originale, à l’échelle requise, en pierre, marbre, bois ou encore en bronze. Brancusi qui a briévement travaillé chez Rodin jusqu’en 1907, décide de supprimer ces intermédiaires (il fut d’abord charpentier et tailleur de pierre) et s’attaque, lui-même, directement au matériau dont la nature, estime-t-il, a le pouvoir partiel de déterminer l’oeuvre. Pour Brancusi,  » la taille directe dans le matériau choisi est la vraie voie d’accès à la sculpture, mais c’est aussi la pire pour qui ne connaît pas le chemin ».
PS:La reconstitution de l’atelier de Brancusi à Beaubourg vaut la visite, il n’y manque que la poussière