C’est dans la rue que Edouard Manet (1832-1883) rencontra Victorine Meurend qui devait devenir le modèle d’Olympia, ce tableau qui fit couler beaucoup d’encre:
Nous avons ici, comme disent les amuseurs publics, une gravure d’Epinal. Olympia, couchée sur des linges blancs, fait une grande tache pâle sur le fond noir ; dans ce fond noir se trouve la tête de la négresse qui apporte un bouquet et ce fameux chat qui a tant égayé le public. Au premier regard, on ne distingue ainsi que deux teintes dans le tableau, deux teintes violentes, s’enlevant l’une sur l’autre. D’ailleurs, les détails ont disparu. Regardez la tête de la jeune fille : les lèvres sont deux minces lignes roses, les yeux se réduisent à quelques traits noirs. Voyez maintenant le bouquet, et de près, je vous prie : des plaques roses, des plaques bleues, des plaques vertes. Tout se simplifie, et si vous voulez reconstruire la réalité, il faut que vous reculiez de quelques pas
Ps: Je sais, l’image jointe n’est pas Olympia mais le joueur de fifre, par contre les deux commentaires sont bien relatifs à Olympia, ce tableau inspiré de la Vénus d’Urbino du Titien (1488-1576). Manet ayant remplacé le chien par un Chat noir.
Je trouve que la rupture de Manet par rapport au Titien, c’est qu’Olympia, mise dans le rôle traditionnel de la prostituée, le remet en question en défiant le spectateur/voyeur/client du regard. Pour la première fois en Occident, peut-être, la tradition, depuis la Renaissance, de peinture de femmes, nues ou non, pour le plaisir des hommes, est brisée. D’où l’effroi d’un Théophile Gautier.
Le titre du billet serait-il « la chatte noire »?
http://fdrouin.blog.lemonde.fr/fdrouin/2005/05/la_chat_noir.html
Est-ce un lapsus ou un signe caché?